Les deux "Cap-Breton" 

 

- Chéticamp en Nouvelle Ecosse

- Coupures de presse

(Voir aussi Recensement Cheticamp)

 

L'AUTRE CAP-BRETON

 

En 1992, à l'occasion du 500ème anniversaire de la découverte de l'Amérique, l'Office de Tourisme et la Ville de Capbreton organisèrent le voyage dont chaque Capbretonnais a rêvé. Un groupe de 25 de nos concitoyens prit le départ le jeudi 8 octobre, et j'ai eu la chance d'être du nombre, pour « redécouvrir l'Amérique » au large de l'embouchure du Saint-Laurent, plus précisément à île de Nouvelle-Ecosse, homonyme de notre ville, l'île de Cap-Breton en Acadie, via Chéticamp où nous serions logés chez l'habitant.

L'escale de 2 jours à Montréal fut un enchantement, avec la visite du Vieux Montréal, puis le "tour de ville" en bus, avec escale sous "Le Balcon" d'où de Gaulle lança son mémorable slogan, et des rencontres joyeuses. 

Puis nous avons quitté  Montréal, le "Mont Royal" de Jacques Cartier, vers Halifax, via Chéticamp, notre point d'accueil "chez l'habitant". 

 

 

 

 

 

 

La communauté

Tous nos hôtes étaient là pour nous recevoir avec une cordialité émouvante.

Le dimanche 11 nous étions plongés dans un bain de nature. C'était la saison de «l'Eté des Indiens»  :

 

 

 

La végétation embrasée d'or et de pourpre, les explications des dynamiques cousins d'Amérique  acadiens, rendirent inoubliables l'excursion éblouissante du "Circuit du Cabot Trail" à travers le Parc national des hautes-terres-du-Cap-Breton, puis la captivante  visite du musée Alexander Greham Bell, l'inventeur du téléphone.

 

 

 

 

 

Fiers à juste titre de leur passé et de leurs traditions, les Acadiens n'ont rien oublié de l'ancienne France et se battent, dans un milieu anglophone, pour conserver l'héritage de la langue et de la culture française.

L'occasion était  belle d'associer au drapeau tricolore éclairé du symbole acadien « à l'étoile de Marie », notre drapeau blasonnant aux armes du Capbreton de France.
Et  de s'expliquer sur l'analogie des noms de nos patries, de part et d'autre de l'Atlantique : nos traditions veulent que les pêcheurs capbretonnais venant de leur ?ville aux cent capitaines?, en un temps où l'Adour débouchait à Capbreton, aient découvert les ?terres-Neuves? du Nord de l'Amérique avant Cartier ou Cabot et baptisé ces lieux du nom de leur port d'origine .

Les fiers et hardis marins, suivant les courants océaniques et poursuivant la baleine jusqu'en des « Terres-Neuves », découvraient vers 1392, une île qu'ils baptisèrent du nom de leur port d'attache « Cap-Breton ». Si, pour les Capbretonnais de France l'affaire ne fait aucun doute, un nombre croissant d'historiens sont aussi de cet avis.

On a avancé le nom du capitaine de navire Cabarrus, conduisant la voile.
Vers 1730, près de 300 ans plus tard, Barthelémy Gabarrus, capitaine de navire né à Capbreton, vient donner son nom à une partie de l'île. Ses propres mérites ont été reconnus par le roi qui anoblit sa famille, mais sans doute désire t'il aussi honorer le souvenir de son ancêtre premier découvreur de l'île dont le souvenir s'est effectivement perpétué dans la mémoire collective capbretonnaise.

 Il y a donc, de l'autre côté de l'océan, un adorable petit port où s'alignent les casiers des pêcheurs de homards, un lac, une baie appelés maintenant « Cabarrus », nom bien connu dans le Sud-Ouest. Le pélerinage à "Gabarus" se fit joyeusement et, symboliquement, le drapeau de Capbreton y fut planté. Nous avons tous gardés le souvenir amusé de l'étonnement des élèves de l'école à ,qui ont été remis des aautocollants de notre ville. Leur institutrice n'était pas moins ébahie en recevant la lettre patente de Louis XVI anoblissant la famille Cabarrus dont les ancètres avaient donné leur nom à sa commune.

Ces instants privilégiés ont permis de faire revivre les moments de l'Histoire de l'Ile qui commence officiellement en 1497, lorsqu'un navigateur vénitien du nom de Jean Cabot, aventurier au service du roi d'Angleterre, lance son vaisseau, toutes voiles dehors, à la recherche de terres nouvelles.

Il aborde dans une île inconnue sur ses cartes, en fait le tour et y trace presque 300 kilomètres de piste. Quelle n'est pas la surprise de Cabot de trouver des lieux déjà baptisés de noms basques ou français dans cette île qui, elle-même, s'appelle Capbreton ! Et il parcourut le "Cabot trail" dans les traces duquel nous avions fait notre excursion.

Et ce nom de "Cap breton" est le nom européen le plus ancien de tout le territoire américain ... Nous le savons, grâce à l'Université de Moncton.

Quant à l'Acadie elle doit son nom à ce que, lorsque les aventuriers accostent sur l'île, y trouverent d'innombrables lacs, des terres fertiles, des habitants aux moeurs bucoliques, des rivages poissonneux, des morues (poisson inconnu sur nos côtes) et des homards, ils se sont crûs en un Paradis. Pensant aux poèmes grecs qui chantent le bonheur pastoral et la vie paisible en Arcadie, c'est donc ainsi qu'ils ont appellé ces terres nouvelles.

C'est avec le temps que l'Arcadie perdra une lettre à cause de la mauvaise copie de cartographes et elle deviendra l'Acadie.

On parla aussi de nos ancêtres, qui, sur ordre de Richelieu, s'y installèrent de manière officielle, à la fin du XVIIème siècle, « au nom de l'innocence et du bonheur ». Il s'agissait de 300 hommes rigoureusement sélectionnés : "Français, catholiques, et de moeurs irréprochables..."
Et ce sont eux qui,  pour faire plaisir au Roi, débaptiseront l'île de Cap Breton et elle s'appellera alors l'île Royale.

Puis, par le désastreux traité d'Utrech, on verra l'Acadie se peupler de vingt mille Hightlanders et devenir la Nouvelle-Ecosse. La France va céder l'Acadie à l'Angleterre.

Par une subtile ironie du sort les Anglais vont débaptiser à leur tour l'Ile Royale pour lui redonner son nom primitif ?Ile de Cap-Breton? qui leur fait penser à la Grande Bretagne. Ils en avaient oublié l'origine française !

Notre excursion se poursuivit, après une réception officielle à Sydney, par une visite à Louisbourg où, pour se protéger des occupants anglais, les Acadiens avaient fondé en 1745 une imposante forteresse, détruite après la capitulation. 

 

De nos jours, scrupuleusement reconstituée et remeublée à partir des inventaires de l'époque, elle offre une visite animée par des guides en costumes du XVIIIème siècle qui recréent la vie des habitants de la forteresse. Bien qu'étant "hors saison", notre délégation  a eu la chance de voir se recréer pour elle cette ambiance historique.

Nous avons aussi été reçus par la municipalité de Louisbourg. J'en ai profité pour fuguer vers les Archives de Louisbourg à la recherche d'un de mes ancètres né à Louisbourg en 1755 et j'y ai retrouvé ma famille mais pas d'acte de naissance pour mon ancètre qui a dû naître, comme Pélagie, dans une charette. C'était le début d'une guerre qui durera 3 ans, avec le ?Grand Dérangement?,  une déportation en règle des Acadiens par les Anglais, une hécatombe.

A la fin de la guerre, les Français avaient perdu le Canada, l'Acadie, l'île du Cap Breton, et ne conserva que la Louisiane et sa Nouvelle Orléans.

Tout ceci nous fut raconté aussi pendant une "soirée sociale" aux "Trois Pignons" où tout le village est invité, sur un fond de violons, d'accordéons ou de banjos.

 Car en Acadie la musique est partout. Comme leur folklore a su conserver le notre, d'il y a fort longtemps, on y danse encore la gigue et le quadrille. Nos hôtes étaient fort étonnés de ne pas les trouver à notre répertoire puisque "ce sont des danses françaises".

Heureusement que la Claire Fontaine est l'hymne incontournable que nous pouvions reprendre en choeur... et que nous avions emporté dans nos bagages le cantique des "marins de Capbreton", ou "le berêt" !

 

 

 

 

 

A la fin de notre séjour on nous expliqua aussi ce qu'était « l'Ordre de Bon Temps », fondé par Champlain, le 14 novembre 1606, et chacun de nous reçut le diplôme de cette distinction avec un rappel de son historique.



Ce n'était pas possible d'en rester là et nos contacts devaient durer!

Du 12 au 25 octobre c'était au tour des Capbretonnais d'accueillir nos nouveaux amis et de leur faire visiter le Capbreton de France.

Puis, tout naturellement jaillit l'idée d'un festival où seraient accueillis leurs musiciens et chanteurs, et il fut baptisé ?les Déferlantes Francophones?. Cette fête, née d'une amitié qui fait le tour du monde, est établie maintenant en institution.

Pendant le Festival, le coeur de Capbreton vit sur des rythmes acadiens, canadiens, québécois, cajuns français avec musiciens, chanteurs ou ?porteurs-de-parole-conférenciers? qui enflamment les salles et les coeurs.


Anne-Marie Bellenguez-Darnet
 
 


 

CHETICAMP en NOUVELLE-ECOSSE

 

Chéticamp,  étape de notre voyage, est un centre culturel et un port de pêche, un des grands fiefs acadiens.

Son histoire commence en 1785, après le "Grand Dérangement". Un groupe de quatorze personnes se stabilise au Nord ouest de l'île, au lieu-dit Chéticamp, dont le nom vient de l'indien "Mic Mac". Les noms des 14 "vieux" qui ont peuplé Chéticamp, religieusement conservés, sont pour la plupart les patronymes des familles actuelles.

lls sont pauvres comme Job, mais dotés de courage et de ténacité. Heureusement, ils ont l'expérience de la pêche et le homard devient une importante ressource.

 Rapidement, ils construisent un moulin à farine et une église en pierres de taille.

 

Puis ils se groupent en coopérative pour l'exploitation fermière.

Vers 1900. un prospecteur trouve de la pierre a plâtre et l'on crée une compagnie minière dont tout le monde achète des actions. Celle ci fonctionne pendant plus d'un quart de siècle et ferme définitivement en 1939. Il y a eu beaucoup d'espoirs, des échecs aussi, plusieurs mines d'or, de galène, de cuivre exploitées tour à tour, dont il ne reste que quelques trous à flanc de colline.

Ses habitants sont organisés en système coopératif complet, moitié fermiers, moitié pêcheurs et ils vivent aussi, de plus en plus, du tourisme.

Tout est en commun : Les assurances, la maison de retraite, le musée, la revue généalogique...

Une des spécialités, hormis la généalogie qui peut être définie comme un "sport national acadien," est la fabrication de tapis "hookés", tissés au crochet. La coopérative des femmes s'est spécialisée dans cette activité artistique.

C'est aux "Trois pignons" que l'on peut admirer une collection fastueuse de tapis hookés et d'antiquités, un centre et une bibliothèque de ressources généalogiques où il faudrait passer beaucoup de temps !

Quant à la gastronomie acadienne disons que la dégustation des homards y est inoubliable ! 

 

 

 

 

Lorsque vous prendrez le bateau, on vous montrera même, lors d'une "excursion aux baleines",  les descendants de celles qui, dans de longs périples,  ont entraîné nos ancêtres jusqu'aux Amériques ...

 

 

 

 

 

 

Anne-Marie Bellenguez-Darnet

13.06.2003


 Les noms des Chéticantains : 

Aucoin, Boudreau, Bourgeois, Camus, Chiasson, Cormier, Delaney, Deveau, Doucet, Fiset, Gallant, Gaudet, Haché, Harris, Larade, LaPierre, LeBlanc, LeFort, LeLièvre, LeVert, Maillet, Muise, Poirier, Roach (Roche) , Romard...

 

 

 

 

 

 


 Anne-Marie Bellenguez, Claude Eloi et les jeunes reporters lors du vernissage des expositions.

 

 

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