« Les frères GELIBERT Une rue de Capbreton porte ce nom »
UNE FAMILLE DE PEINTRES ANIMALIERS:
Toute petite fille, j'adorais feuilleter un très vieux, très grand livre d'images fourmillant d'animaux, les «Fables de La Fontaine ». Cela faisait mon émerveillement et je m'amusais aussi à déchiffrer les signatures des lithographies dont l'une était "G. Gélibert".
Plus tard je découvris que l' illustrateur s'appelait Gaston, qu'il avait vécu à Capbreton et oeuvré avec son frère aîné Jules-Bertrand à embellir notre commune. Eglise, mairie et hôtel de ville, possèdent des oeuvres parfois monumentales et toujours remarquables. Tout ceci sans compter les collections particulières.
Capbreton leur a dédié une « rue des Frères Gélibert » et une "rue Saint-Hubert" (patron des chasseurs).
Les deux artistes ont baigné dès l'enfance dans un milieu propice à l'épanouissement de leur art puisque leur père, Jean-Pierre Paul GELIBERT, dit "Paul", aquarelliste et peintre animalier de renom, a été leur professeur. Né à la Force, dans l'Aude en 1802, il est décédé dans les Hautes Pyrénées à La Barthe de Neste le 24 septembre 1882 à Labarthe de Neste, (Hautes Pyrénées), à 80 ans. Professeur à l'école des Beaux-Arts de Toulouse, il exposa au Salon de 1835 à 1880.
Professeur de dessin à Pau, il est cité en 1840 comme directeur du musée de Pau, « un de ces hommes qui ont la plus salutaire influence dans nos contrées éloignées, où ils font pénétrer par leurs conseils, autant que par leurs exemples, l'amour de ces beaux-arts qui font la vie honnête et heureuse ».
Il a créé une méthode pour l'enseignement du dessin avec un appareil : le "stigmographe, petite règle graduée que l'on proportionne à la longueur du bras de l'enfant..." (Eugène Véron .Courrier de l'Art). La revue "La Célébrité"du 1er octobre 1864 décrit un appareil dit "perspectomètre" :
"Monsieur Paul Gélibert a ouvert un cours de perspectométrie. Ce cours a lieu 3 fois par semaine, le matin pour les jeunes gens et l'après-midi pour les demoiselles."
Il a d'ailleurs édité en 1868 une brochure de 68 pages dont parle "La gazette des Beaux-Arts". Il a pour titre "Le Dessin en vingt leçons. Orthographie linéaire universelle ou Lois naturelles et fondamentales de l'enseignement du dessin mis à la portée de tous".
Le 3 mai 1880, il habite 47 rue Denfert Rochereau à Paris et il dépose un brevet de 15 ans pour "l'instrument dit "le stigmographe, base d'une méthode de dessin.
Fondateur du Musée des Pyrénées à Bagnères de Bigorre, sa production est abondante en peintures à l'huile ou aquarelles.
L'inventaire ne sera jamais exhaustif mais on peut citer en reconstituer quelques bribes, de même que pour ses fils.
En 1831 le bulletin de la Société de Géographie fait état d'un livre illustré intitulé "voyage pittoresque, historique et philosophique dans les Pyrénées françaises"
En 1839 il peint « Le Pacage »
Il a envoyé au Louvre des « animaux passant un gué », tableau que la critique trouvera vif, animé, pétulant.(revue l'Artiste)
En 1841 la revue l'Artiste lui consacre encore quelques lignes : « M. Gélibert avait déployé tout le naturel et toute la vigueur de son pinceau dans ses « animaux à l'abreuvoir » et son « étude d'animaux ».
Il illustre aussi la Revue Béarnaise.
Une peinture sur panneau, datée de 1842, « le taureau », a été présentée dans une vente publique, il peint également une "vue d'Oloron". Cette même année il illustre de 12 planches lithoraphiques "Le Routier des provinces méridionales" édité à Toulouse.
Il est médaillé au Salon de 1843. Eugène Véron, ans la revue "le courrier de l'Art" de 1882 cite dans sa rubrique de nécrologie :" le roi Louis-Philippe, accompagné des membres du jury, visita le salon. Ce tableau de M. Gélibert le frappa. Il fit partager son admiration aux membres du Jury, qui donna à cette oeuvre la médaille d'or."
A Toulouse, au musée des Augustins, se trouve un paysage à l'huile daté de 1858, exposé au salon des artistes français en 1859 : « la descente des troupeaux de la montagne. Hautes Pyrénées ». il avait été acquis cette même année par Napoléon III sur le bugjet de la liste civile.
En visitant aussi les musées de Bagnères, de Pau, de Lourdes, de St Etienne, de Biarritz, au Musée Basque de Bayonne, et bien d'autres encore, vous trouverez sa signature. A la bibliothèque de Toulouse, de très nombreuses lithographies et d'autres figurent dans des collections particulières.
Prospectus d'un ouvrage de Paul Gélibert, (5 lithographies) dédié au Roi.
Bibliothèque municipale de Toulouse.
Château de Henry 4 à Pau
Bibliothèque municipale de Toulouse.
Vue de Bayonne 1836
Bibliothèque municipale de Toulouse.
Le 10 janvier 1863 a lieu une "vente de beaux tableaux modernes provenant de la collection du feu Roi Louis-Philippe" où figure un tableau de Gélibert intitulé "Moutons".
René Cuzacq, dans la revue de « la Sté des Sciences Lettres et Arts de Bayonne » de 1976, cite de Paul Géluibert: « une chèvre et un vautour se disputant une proie, pacage de moutons, chèvres, » ? (Emporté par son enthousiasme, Cuzacq va même jusqu'à lui attribuer la paternité de « la chasse miraculeuse de St Hubert », dans l'église de Capbreton, oeuvre maîtresse de son fils Jules-Bertrand !)
En 1866 il expose au Salon « Une cour de ferme".
En lithographie, une "Vierge", imprimée à Paris.
Le ministère de la culture possède des photos de ses travaux « vaches à l'abreuvoir ». "Souvenir de la forêt de Fontainebleau". Il eut 6 enfants: 3 filles (Thérésia, Sosthénie et Marie) et 3 garçons, de son mariage aveCaroline Charlotte Dorothée Artigala,née à Campan. Un des fils, Léopold, suivra une carrière militaire et sera zouave pontifical en 1870. Il suivait les traces de son grand-père, Honoré Gélibert, colonel d'empire né en 1770, fait baron par Louis XVIII (?) et décédé le 08.02.1863, commandeur de la légion d'honneur et chevalier de l'ordre de Saint Louis (voir plus basla note qui lui est consacrée.)
Les deux autres fils de Paul Gélibert, artistes précités à qui Capbreton doit tant, sont Jules-Bertrand, l'aîné et Gaston. Notons qu'une de leur soeur Sosthénie fut peintre, elle aussi, et qu'elle enseigna le dessin aux jeunes femmes dans l'école artistique et industrielle fondée à Bagnères en 1861 par Paul Gélibert et son fils Jules Bertrand (qui suit).
Jules Bertrand GÉLIBERT, dit "Jules", comme son grand père paternel, né à Bagnères de Bigorre le 27 novembre 1834, est décédé à Capbreton le 18 avril 1916.
Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de M. Pierre Larousse (1866-1877) note : ". Fils du baron Gélibert, colonel de l'empire, il fut d'abord employé dans l'administration et suivit en 1824 l'armée française en Espagne comme attaché aux fournitures. Rentré en France, il se fixa à Bagnères-deBigorre" ... Inscrit aux Beaux Arts, élève de son père et aussi du sculpteur Griffoul-Dorval, il va de succès en succès.
Il expose d'abord des sculptures. En 1855 les journaux de Bagnères font mention de ses premières expositions. En 1860 il réalise la statue de «Druid», un chien du prince impérial, fils de Napoléon III. Son atelier se trouve à Montmartre, 17 boulevard Pigalle.
Il obtient en 1861 une mention honorable au Salon des Artistes Français. C'est cette même année qu'il épouse à Paris Marie Félicité Pelleport, fille de Jules Pelleport, directeur des poudres au ministere e la guerre, d'où naitront 4 enfants. (L'aîné, René, mourra jeune d'une piqûre de vipère, les enfants Alice, Raymond et Pierre ont assuré la postérité.)
Le couple s'installe d'abord à Farcy-les-Lys, puis à Avon.
En 1865 Jules-Bertrand habite Clamart, au 6 de la rue des Truilles où il est l'élève de Louis-Godefroy Janin, spécialiste des scènes animalières et des tableaux de chasse.
Lui même chasseur passionné il a trouvé sa voie. Cependant, les animaux du tableau « Hallali du chevreuil » qu'il présente au Salon de 1865 seront jugés comme « petitement dessinés et d'une couleur un peu terne ».
En 1868 il part en Ecosse avec son ami Gustave Doré et reviendra de ce séjour avec de nombreuses commandes.
Dès 1869 il reçoit une 3° médaille au Salon
En 1870 il illustre des revues avec son frère. On sait qu'il cosignait souvent ses oeuvres avec celui-ci, Jules peignant les animaux tandis que Gaston s'attachait au décor et aux paysages.
En 1875 il présente un "Hallali de cerf dans les mares de Belle Croix". (forêt de Fontainebleau).
En 1879 il s'installe dans les Hautes Pyrénées
L'abbé Gabarra a raconté sa rencontre "miraculeuse" avec Jules Bertrand et son frère Gaston.
Le12.06.1881 on relève dans le Registre des Délibérations de Capbreton : "M.Jules Gélibert, peintre distingué dont la réputation est acquise, ayant l'intention de séjourner quelques temps dans le pays, offre de faire les décorations de l'église paroissiale, à la condition que la Commune paie l'achat des peintures nécessaires et fournisse les échafaudages. La fourniture des couleurs ne sera payable que dans deux ans et la dépense de ces travaux est évaluée à 2000.Frs."
Le maire Anatole de Saint-Martin et son Conseil acceptent la proposition de M.Gélibert avec reconnaissance. Une somme de 2000.Frs. est votée pour les couleurs et les échafaudages demandés par l'artiste
Il continue d'exposer au Salon de la Sté des Artistes français où reçoit une 2°médaille en 1883.
C'est en 1887, qu'il se fixe définitivement à Capbreton où il a contribué de manière remarquable à l'amélioration du patrimoine par la décoration de l'église (Voir : Fresques). La maison qu'il a faite bâtir en 1892, route de Labenne, (actuelle rue Jean Lartigau) s'appelle toujours « la villa St. Hubert ».
Il devient Hors Concours en 1895. Les critiques admirent « la vigueur du dessin et de la couleur, du mouvement et l'acuité de l'observation ».
A l'Exposition Universelle de 1889 et à celle de 1900, il a obtenu des médailles de bronze.
Grand amateur de chasse à courre, il a suivi le Rallye Sivry à Fontainebleau et l'équipage Bois Boudran avec le Comte Greffulhe et aussi avec le baron de Lassus. Il s'était lié d'amitié avec ce dernier qui viendra lui rendre visite en 1904 dans son atelier de Capbreton et passa commande d'une réplique de 1m10 sur 1m50, du tableau "la conversion de Saint-Hubert" qui orne l'église de Capbreton.
En 1905, il reçoit la Croix de la Légion d'Honneur des mains du président de la République M.Loubet.
C'est lui qui a fondé le "Salon des peintres de chasse et de vénerie" dont il sera Président à vie. On le trouve lauréat de plusieurs expositions universelles, en France (Médaille de bronze) et de même à l'étranger. Ses tableaux, aquarelles et fusains figurent dans de nombreux châteaux de France, chez les Murat, Wagram, Carayon-Latour, etc. ainsi que dans des musées de New-York, Londres, Paris, Bagnères, Cambrai, St-Etienne, Tarbes...(Cf .Dictionnaire Benezit) etc.
Salon de 1912. Jules B. Gélibert :" Les vendangeuses"
Gaston GÉLIBERT, (1850 - 1931 ), né à ASTE ( Htes Pyrénées) le 18.09.1850, a 17 ans de moins que son frère. Peintre animalier il suivit ses traces de son frère après avoir été, lui aussi, élève de son père.
Il habitait à Chatillon sous BAGNEUX, pavillon du Gerfaut, en 1880. Cette année là, les 3 Gélibert, père et fils exposent au Salon des artistes Français où Gaston présente "Les familiers du Cardinal de Richelieu"
Il reçoit la médaille d'honneur du salon en 1904 et une médaille de bronze en 1924.
Salon de 1973. Salon des Artistes Français. Gaston Gélibert. "Epagneul au rapport et Setter irlandais".
On lui décerne en 1921, le prix Rosa Bonheur pour son oeuvre "Chiens de guerre". (Rappelons que Rosa Bonheur, 1822-1899, peintre française, s'était spécialisée dans les représentations animalières.)
En 1923 il expose au Salon un « combat de cerfs ». Il habite alors Chatillon sous Bagneux, pavillon du Gerfaut, il peint "les loups"
En 1924 il reçoit une médaille de bronze
En 1925, répertorié comme élève de son père, il expose au Salon un « Hallali de sanglier, la nuit"
Il ne se maria pas, suivit son frère à Capbreton où tous deux avaient leurs ateliers tout proches.
C'est une dizaine d'années après son frère aîné, vers 1898, que l'on commence à trouver ses oeuvres à Capbreton.
Et on retrouve chez lui la même talent du dessin, la précision du trait, le souci du réalisme
Il décède à CAPBRETON le 22 novembre1931, dans sa villa "La Buissonnière", voisine de celle de son frère mais il a laissé à Capbreton des oeuvres maÎtresses:
- Le tigre et le Paon (Hotel de Ville de CAPBRETON)
- Le Passé de Capbreton (Hotel de Ville )
- Des fresques dans l'église.
Un grand tableau de Gaston Gélibert est exposé sous le porche de l'église de Laluque sous l'inscription "Ils savaient que la France vaut la peine de mourir et que Dieu donne le ciel aux martyrs de la Patrie". Ce tableau, offert par M. Félix Dassé, propriétaire d'une briqueterie à Laluque, représente son fils Henri, mort à la Grande Guerre, partageant la passion du Christ.
Anne-Marie Bellenguez
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Honoré GELIBERT, colonel baron, père de Jean Pierre Paul Gélibert.
EXTRAIT DE PRESSE
Journal de Toulouse politique et littéraire. Lundi 14.12.1863 :
Carcassonne, 12 décembre 1863.
"Nous apprenons la mort d'un des derniers débris des premières guerres de la République et de l'Empire.
M. le colonel baron Gélibert, commandeur de la Légion-d'honneur, chevalier de Saint-Louis, est décédé mardi dernier à Laforce, dans la 94ème année de son âge. "