GÉNÉALOGIE :
CETTE HISTOIRE EST UN CONTE DE FÉES. CETTE HISTOIRE EST BELLE ET CETTE HISTOIRE EST VRAIE...
par Christiane VAIGOT
Pour sa réalisation, les techniques modernes, particulièrement Internet, auront été des rouages essentiels, permettant d'abolir l'espace et le temps, permettant aux générations anciennes et contemporaines de se trouver, de se mêler, de se confondre, de communiquer, de se rencontrer.
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1er octobre 1907, en France
s'unissent en l'église de Capbreton :
MARIE NAGOUAS et MARTIAL DASSẾ.
Très peu de temps après leur mariage le jeune couple embarque pour le Chili, sur les conseils de l'abbé Lamoliate, curé de Seignosse, (le village natal de Martial), dont le frère possède une exploitation là-bas. Le jeune couple a la ferme volonté de travailler et de réussir.
Ils resteront deux ans sur l'exploitation jusqu'à la naissance, le 20 mai 1909 de leur fille Marie Emilienne surnommée affectueusement Mimi. Au bout de ces deux ans ils prendront leur destin en main, connaissant de magnifiques réussites comme de douloureux échecs et de lourdes épreuves.
Mais tout ceci Mimi le raconte sur sa propre page Web.
Marie et Martial ne reviendront qu'une seule fois en France, pour un séjour de deux ans, vers 1924. Mimi gardera de ces deux brèves années, ancré au plus profond de sa mémoire, le souvenir intact, précis, des balades à bicyclette dans la forêt de pins ou le souvenir des bons plats mitonnés par sa grand-mère.
La grand-mère de Mimi, la mère de Martial, s'appelle Marie Amélie mais tous, dans son village de Seignosse, la surnomment Mélie. Veuve très tôt, après avoir élevé 5 enfants, elle vit modestement des revenus que lui procurent son petit bureau de tabac et la location d'une chambre à l'étage. Pour lui tenir compagnie un couple de canaris et quelques poules.
Sur les rares photos de Mélie possédées par ses descendants Mélie apparaît sévère voire triste. Pourtant Mélie est gaie, surtout d'une grande gentillesse. Sa maison est connue de tout le village, on s'y rencontre, on y bavarde et sur la place devant la maison, on organise chaque année la Fête-Dieu.
La grand-mère de Mimi se lie d'amitié avec ses plus proches voisins, la famille Parricau et surtout avec leur plus jeune fille, Denise. Celle-ci se souvient, enfant puis adolescente, avoir « joué à la marchande » dans la petite boutique, être allée parfois dormir chez Mélie lorsque celle-ci se sentait trop seule ; dans une boîte, conservés précieusement, les chapelets offerts par la vieille dame à la petite communiante. Mais ce dont se souvient le plus intensément Denise ce sont ces lourds paquets, ces grosses lettres que Mélie envoyait régulièrement à son fils Martial ; c'est la petite fille qui avait mission d'aller poster le courrier, elle rêvait alors en lisant les mots « Chilan, Chile », l'adresse de Martial. Elle rêvait à travers ces deux mots magiques à un monde inconnu, lointain, si lointain qu'elle n'en saurait sans doute jamais rien, du moins le croyait-elle.
Denise saura quelques 70 années plus tard !
Martial et Marie décèdent respectivement en 1948 et 1982, sans être jamais revenus en terre de France depuis leur court séjour de1924. Ils n'ont pourtant pas oublié leur pays d'origine : durant toute leur vie au Chili ils n'ont cessé de s'adresser à leur fille dans la langue de Molière et Marie cuisinait à la française.
Mimi aime toujours écrire et parler en français, Mimi aime toujours la gastronomie française !
Je m'appelle Christiane NAGOUAS-PARRICAU
NAGOUAS est le nom de mon père, PARRICAU est le nom de ma mère
Je suis française, je réside à Dax, en France, dans le département des Landes et je suis passionnée de généalogie.
En 2004 je m'intéresse plus particulièrement au patronyme Nagouas, j'effectue des recherches approfondies sur la commune de Capbreton. Dans le même temps Ernesto, le fils de Mimi, par des cheminements bien compliqués, fait parvenir un courrier à l'association de généalogie de ce même lieu : curieux de connaître ses racines françaises , pour répondre à une demande de plus en plus pressante de sa mère , pour savoir s'il existe encore d'éventuels cousins de l'autre côté de l'Atlantique.
Ce courrier m'est transmis puisque y apparaît le nom Nagouas. Via internet j'entre immédiatement en contact avec Ernesto puis avec Mimi ; s'ensuit dès octobre, une correspondance chaleureuse, régulière avec cette famille que je devine si sympathique.
Car Mimi, 96 ans, maîtrise l'informatique et internet. Pour moi elle est un modèle de volonté et d'intelligence.
Elle a appris ces techniques modernes grâce au programme Biblioredes, mis en place dans son village de Rengo et grâce à la gentillesse, à l'infinie patience, à l'infini dévouement de sa professeur Mané. Mimi ne cesse de remercier Mané et le programme Biblioredes qui ont permis ce miracle : retrouver la famille française et communiquer régulièrement avec elle via internet mais aussi simplement retrouver le bonheur de vivre et d'espérer.
Je cite Mimi :
Agradezco calurosamente a "Biblioredes", que hizo posible el milagro de reencontrar una familia que creía perdida.
El hacer este curso de compuatción, cambió mi vida, me trajo el afectuoso compañerismo de las amigas,que con gran entusiasmo trabajaron junto a mí, emoción y alegría el saber que algún familiar que ya creía perdido, estaría junto a mí, en un mismo instante, cara a cara, de Francia a Chile igual que en un cuento de ciencia ficción, esto es algo imposible de describir, tan maravilloso, que hizo que mi vida fuera como un mágico renacer a un sorprendente mundo nuevo, lleno de esperanzas. Mil gracias a "BIBLIOREDES" y a mí querida profesora que hicieron este milagro.
Au Chili, Mimi est un exemple; d'ailleurs des articles, des émissions de télévision lui seront consacrés durant l'automne 2005. elle sera même reçue et félicitée par le Président de la République, Mr Lagos.
Ensemble, professeur et élèves ont écrit une page web ; j'ai invité tous mes amis français à aller sur le site et tous ont lu avec grand plaisir et grand intérêt l'histoire de Mimi ainsi que l'histoire de son apprentissage de l'informatique.
Echange de photos, envoi de divers documents de ma part, envoi aussi d'anecdotes concernant Mélie, la grand-mère de Mimi : nous sommes lointaines cousines par les Nagouas( nom de mon père) mais ma maman n'est autre que Denise Parricau dont je parle plus haut. Elle avait quinze ans lorsque Mélie est morte. Tous ces hasards, toutes ces coïncidences sont si merveilleux !
Au printemps 2005 la décision est prise d'un voyage France-Chili pour aller à la rencontre de mes lointains cousins.
Voyage au Chili
Nous sommes le jeudi 10 novembre 2005 : arrivée à Santiago, Mimi a tenu à être présente à l'aéroport.
Durant les trois semaines du séjour elle accompagnera quasiment toutes les sorties, faisant preuve d'une extraordinaire vitalité et d'une inlassable curiosité.
Je découvre une grande et belle famille, son accueil est au-delà de ce que je pouvais espérer. Je découvre, grâce à la complicité et au dévouement d'Ernesto un pays superbe, dominé par l'imposante et toujours présente Cordillère des Andes, bordé par un Pacifique au bleu profond et unique.
Je visite, je rencontre, je remplis mes yeux et tous mes sens de merveilleux souvenirs.
Il y en a un que je conserve plus précieusement que tout autre dans ma mémoire, le jour où nous sommes allés nous recueillir sur la tombe de Marie Nagouas et Martial Dassé, à Cartagena.
Une humble tombe, dans un modeste cimetière, un endroit presque perdu dans la campagne, près d'un petit bois ; Martial et Marie dorment là, à des milliers de kilomètres de la France, si loin de leur pays natal et si loin de Mélie, la maman de Martial. Instant de grande émotion.
Autre grand moment, celui de la visite à Mané, le professeur d'informatique, à la bibliothèque de Rengo.
Je prends une photo de Mané et de Mimi.
Puis c'est au tour de Mané de nous photographier
En fond des élèves studieux devant leurs ordinateurs, ces ordinateurs dont Mimi s'est servi pour son apprentissage.
Le voyage s'achève le 27 novembre. Ce fut une aventure intense, extraordinaire. Il se prolonge toujours via internet, régulièrement, par les mails échangés avec Ernesto, d'autres membres de la famille connus là-bas et surtout avec Mimi, la chère mimi, si courageuse, d'une telle générosité, d'une telle modernité, d'une telle intelligence.
J'espère de tout c?ur recevoir en France en 2007 une partie de ces cousins du bout du monde pour les emmener bien entendu sur les traces de leurs ancêtres, leur faire connaître mon pays qui est aussi un peu le leur.
Ces quelques mots pour les remercier une nouvelle fois de leur accueil oh combien chaleureux et pour ce séjour merveilleux passé auprès d'eux et à la découverte du Chili.
Une dernière image, celle du départ de Santiago, de nombreux membres de la famille de Mimi et Mimi elle-même sont venus dire au revoir.
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Christiane VAIGOT